Du champagne à la St Valentin
C’est la Saint Valentin, et comme chaque année, les bulles vont pétiller. En effet, le champagne demeure la grande boisson de la fête des amoureux. Ceux qui souhaitent impressionner iront chercher les valeurs sûres comme les Veuve Clicquot, mais il peut être intéressant également d’aller chercher quelques nouveaux vins, notamment bio. C’est le guide des restaurants Michelin qui met ces jeunes propriétés à l’honneur, et comme ils sont bons, nous leur rendons hommage au travail bien fait. Six jeunes vignerons redonnent un sens aux terroirs de la montagne de Reims, de la vallée de la Marne et de la côte des Blancs. Ne possédant parfois que quelques parcelles, ils ont renoncé au « tout chimique » (engrais, désherbants, pesticides) et s’attachent patiemment à produire des champagnes de caractère, pleins de sève et de complexité ! A noter que ces champagnes coûtent moins de 25 euros. Ils sont donc bons et relativement bon marché.
Cédric Bouchard : L’une des révélations de ces dernières années ! Installé en 2000 dans l’Aube, à Celles-sur-Ource (entre Bar-sur-Seine et Les Riceys), ce jeune vigneron passionné cultive avec minutie une parcelle d’à peine un hectare sur un lieu-dit appelé « Les Ursules ». Très vite, son champagne baptisé « Rose de Jeanne » s’est imposé comme l’une des plus belles expressions de pinot noir de toute l’appellation ! Enveloppé d’une robe aux reflets œil-de-perdrix, il exhale des parfums délicats de fleurs et de fruits. En bouche, sa finesse et sa pureté en ont laissé plus d’un « baba » !
Marie Noelle Ledru : Ambonnay est sur les terroirs classés « grands crus » de la montagne de Reims, un vivier de brillants vignerons dont le plus célèbre est sans conteste Egly-Ouriet. Moins médiatique, la vigneronne Marie-Noëlle Ledru délivre des beaux champagnes élevés sur lies de 3 à 5 ans à la densité peu commune. Son extra brut d’assemblage (85 % pinot noir, 15 % chardonnay) est ainsi à la fois vineux et tranchant. Ses champagnes millésimés « Cuvée du Goulté » (100 % pinot noir) affichent quant à eux un nez complexe de brioche et de fruits rouges et une belle minéralité. Terriens, racés et vineux, ils accompagneront parfaitement un filet de saint-pierre ou même un vieux comté !
Jacques Beaufort : Toujours à Ambonnay, rendez visite à un personnage hors du commun : Jacques Beaufort. À la fin des années 1960, ce vigneron fut victime d’une grave allergie aux pesticides et aux insecticides, ce qui l’obligea à se convertir à l’agriculture biologique. Dès 1971, il eut donc recours au désherbage mécanique (binage) et à toutes sortes de traitements naturels de la vigne comme l’aromathérapie (vaporisation d’huiles essentielles de thym et d’ortie) et l’homéopathie (destinée à renforcer les défenses de la plante). Autre singularité : tous les champagnes de Jacques Beaufort sont millésimés et sont élevés plusieurs années avant d’être commercialisés. Jacques Beaufort s’est également rendu célèbre pour ses extraordinaires champagnes demi-secs dosés au moût concentré de raisin. Loin d’être « sirupeux », ces champagnes rares sont d’une grâce merveilleuse, comme l’Ambonnay grand cru 1998 dont le nez de coing et la fraîcheur de mandarine se marient avec une salade de fruits exotiques !
Françoise Bedel : Situé dans la partie ouest de la vallée de la Marne, le domaine de Françoise Bedel (8 ha) est travaillé en biodynamie depuis 1999. Pour sa cuvée « Comme autrefois », elle a renoué avec la grande tradition champenoise : d’abord vinifié et élevé en fûts de chêne à partir de ses propres levures, son vin est ensuite mis en bouteilles manuellement avant de reposer 5 ans sur des lattes. Très peu dosé, c’est un champagne de repas à la fois ample, gras, vif et équilibré aux arômes de miel et de gelée de coing ! La cuvée « Entre ciel et Terre » est pour sa part plus accessible au profane : c’est un champagne à la fois fruité, minéral et aérien qui gagne en complexité après plusieurs heures d’ouverture en carafe. Dans tous les cas, Françoise Bedel a su exprimer l’identité des coteaux de Crouttes-sur-Marne.
Lilbert Fils : Issu d’une famille de vignerons de père en fils depuis 1746, le jeune Bertrand Lilbert possède 3,5 hectares de vieilles vignes sur les prestigieux terroirs du village de Cramant (qui est au chardonnay champenois ce que Montrachet est au chardonnay bourguignon : le nec plus ultra !). Ses champagnes artisanaux sont l’une des expressions les plus abouties de la côte des Blancs. Incisifs et tendus avec des bulles d’une finesse exceptionnelle et des notes de coing et de pamplemousse, ce sont de vrais vins de gastronomie qu’il faut savoir oublier dans sa cave quelques années…
Pierre Larmendier-Bernier : Du travail de la vigne à l’élevage en fûts, c’est la même exigence qui guide ce vigneron d’exception, pour qui un champagne doit avant tout exprimer la quintessence de son terroir d’origine. Reposant sur une minéralité crayeuse, ses vieilles vignes de Cramant 100 % chardonnay fascinent ainsi par leur équilibre et leur fraîcheur. Sa cuvée d’assemblage « Terre de Vertus » non dosée est également l’un des grands champagnes de la côte des Blancs.
A retrouver également sur le guide Michelin.