Cette semaine, nous avons dégusté un Morey Saint Denis Premier Cru, un vin aussi insolite qu’exceptionnel. Qui plus est, un millésime 1995, considéré comme l’un des meilleurs du domaine Ponsot. Dans la côte de Nuits, aucun vin n’est aussi spécial, ni crée autant de dissensions, que ce vin unique. Son austérité et sa personnalité sans concessions viennent de son terroir, mais aussi de son assemblage variétal inhabituel. Lorsqu’en 1911, William Ponsot encépagea une petite parcelle calcaire au cœur de ce premier cru Morey Saint-Denis, il utilisa plus d’Aligoté que de Chardonnay. Selon Laurent Ponsot, actuellement à la tête du domaine, l’Aligoté exprime au mieux le caractère du site et la plupart des très vieilles vignes sont encore de cette variété. Le vin est simple et naturel, sans fermentation malolactique, ni chêne neuf, ni bâtonnage, ni raffinage, ni filtrage. Les arômes et saveurs vont du bourgeon aux agrumes, en passant par la pomme, la poire et le coing, la craie, le silex et la fumée, le miel, la noix et le nougat. Le vin vieillit très bien. Lors de la plus grande dégustation de ce vin, couvrant 31 millésimes de 1959 à 2003, le maître sommelier Frank Kämmer a attribué le score le plus élevé au 1990, qui « associe la pureté d’un Manzanilla, le soyeux d’un beau Bourgogne et l’élégance d’un Dom Pérignon ». La messe est dite.

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